![Partizan, la petite chaîne hongroise qui combat la "propagande"](https://www.berlinertageblatt.de/media/shared/articles/2f/5f/86/Partizan--la-petite-cha--ne-hongroi-146846.jpg)
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Partizan, la petite chaîne hongroise qui combat la "propagande"
Depuis un studio modeste installé dans un entrepôt délabré en banlieue de Budapest, une chaîne YouTube enchaîne les émissions à la veille des législatives en Hongrie.
"Partizan", qui a vu le jour en 2018, s'est imposée comme une des rares voix critiques dans un paysage médiatique transformé par douze ans de pouvoir de Viktor Orban.
Le Premier ministre nationaliste se prépare dimanche à un dur combat contre une alliance inédite de six partis.
"Et c'est ici que cela se passe maintenant", dit fièrement à l'AFP le fondateur de ce projet alternatif financé par des micro-dons.
A 35 ans, Marton Gulyas a décidé de "combattre la propagande" des médias pro-Orban en quittant les planches où il évoluait comme acteur pour enfiler le costume de producteur et d'animateur.
Il faut "libérer l'imagination politique des gens", assure le fondateur barbu de Partizan, un peu dégingandé, qui se définit comme un "social-démocrate" dans un pays de 9,7 millions d'habitants situé très à droite.
En 25e position du classement de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse en 2009 avant le retour au pouvoir de M. Orban, la Hongrie a dégringolé année après année pour occuper aujourd'hui la 92e position, derrière le Kirghizstan ou Haïti.
- "Vraie confrontation" -
Sur son plateau, peu de responsables du gouvernement ou de politiciens du parti Fidesz au pouvoir: les invitations restent souvent sans réponse, même si quelques personnalités ont osé se prêter au jeu de temps en temps.
"Ce sont les entretiens les plus intéressants avec une vraie confrontation", explique M. Gulyas à l'AFP en regrettant qu'ils soient si rares, même s'il reconnaît "le risque" pris par la majorité en venant le voir.
Il précise toutefois qu'il n'a aucune complaisance envers l'opposition et d'ailleurs, c'est sur son antenne que le candidat Peter Marki-Zay, chef de file de l'opposition, a commis une erreur de communication dont s'est aussitôt emparé son adversaire.
En se disant prêt à suivre l'Otan si ce dernier décidait d'envoyer des soldats en Ukraine, il a permis à Viktor Orban d'axer toute sa campagne sur sa volonté à lui, au contraire, de "laisser la Hongrie hors du conflit".
"Poser les bonnes questions peut se révéler à double tranchant mais il faut le faire", énonce M. Gulyas, soucieux de ne pas apparaître comme l'obligé des opposants au Premier ministre.
Il mise aussi sur la proximité et parcourt les circonscriptions avec un petit camion satellite à la rencontre des électeurs.
Une recette qui lui permet de revendiquer désormais 270.000 abonnés.
- Cinq minutes d'antenne -
L'ancien militant, arrêté il y a cinq ans pour avoir jeté de la peinture sur le palais présidentiel, croit surtout devoir son succès à la lassitude de la population envers une télévision publique acquise au pouvoir, selon de multiples rapports internationaux, comme ceux de l'OSCE par exemple.
En tout et pour tout, M. Marki Zay a eu droit pendant la campagne à cinq minutes d'antenne. C'était la première fois en quatre ans qu'un candidat de l'opposition pouvait s'exprimer.
A l'inverse, le discours de Viktor Orban prononcé le 15 mars, jour de la fête nationale, a été rediffusé le lendemain neuf fois sur la principale chaîne du groupe.
Cette couverture biaisée est niée par Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement.
"Si vous écoutez les informations du matin à la radio", détaille-t-il lorsque l'AFP l'interroge sur le sujet, "il est clair qu'il y a une variété de points de vue, d'opinions et de citations".
Un ancien journaliste du groupe télévisé MTVA, entre 2015 et 2019, livre une toute autre version.
Andras Rostovanyi, 31 ans, avait divulgué en novembre 2020 dans la presse indépendante l'enregistrement d'une conférence de rédaction. On y entend les rédacteurs en chef demander à leur équipe de couvrir les événements avec une orientation favorable à M. Orban.
"Certains de mes collègues me considèrent peut-être comme un traître mais en réalité, ce sont mes anciens patrons qui ont trahi le service public", dénonce-t-il auprès de l'AFP.
Il ne regrette pas son geste contre cette machine de guerre au budget de 350 millions d'euros - somme allouée chaque année à MTVA sur l'argent des contribuables -, en comparaison de laquelle Partizan reste un petit poucet.
T.Bondarenko--BTB