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Européennes: pour leur premier duel, Bardella et Hayer s'écharpent sur la sécurité
C'est leur premier face-à-face de la campagne des européennes: la tête du liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, grand favori des sondages, affronte jeudi soir sa concurrente macroniste, Valérie Hayer, avec une première passe d'armes sur la sécurité lors d'un débat sur BFMTV.
Dès les premiers échanges, Mme Hayer a attaqué son rival sur sa "duplicité", estimant que la tête de liste du RN "raconte ce qu'il ne vote pas et ne vote pas, ce qu'il raconte", s'en prenant à son "culot" pour "énoncer autant de mensonges".
M. Bardella lui a répondu ironiquement en saluant son "courage" pour s'être "portée candidate alors que personne ne souhaitait porter dans ces élections européennes les couleurs d'Emmanuel Macron".
Les deux têtes de liste se sont ensuite affrontées sur les questions de sécurité, revenant notamment sur la mort du jeune Matisse, tué le 27 avril à Châteauroux par un mineur de 15 ans.
Mme Hayer a dénoncé "l'indignité" du RN qui "instrumentalise systématiquement les drames pour en faire du profit politique", tandis que M. Bardella a estimé que "l'immigration est devenue le pire carburant pour la violence de rue et l'insécurité dans notre pays". "J'ai l'impression qu'il y a un éléphant dans le salon et que et que vous êtes la seule à ne pas le voir", a-t-il poursuivi.
Sur l'occupation d'universités par des étudiants mobilisés pour Gaza, les deux candidats étaient d'accord sur leur volonté de ne pas importer en France les combats des universités américaines et de lutter contre l'antisémitisme.
Face à M. Bardella, crédité de 32% des intentions de vote à cinq semaines du scrutin selon un sondage Ipsos, Mme Hayer fait office de challenger, avec seulement 17% et dans son rétroviseur le candidat des socialistes Raphaël Glucksmann (14%).
La macroniste doit notamment combler un déficit de notoriété, quand le jeune patron du Rassemblement national, 28 ans, jouit d'une solide implantation dans le paysage politique, tout en étant rompu aux joutes médiatiques
Ce débat à une heure de grande écoute devait permettre à l'eurodéputée sortante, qui dirige le groupe centriste Renew au Parlement européen, de faire valoir ses arguments face à son principal rival. Et de tenter de relancer une campagne pour l'heure sans dynamique, y compris dans le propre électorat du président de la République.
Le camp présidentiel, que le chef de l'Etat a appelé à une plus grande mobilisation au vu de la situation, a misé sur un angle d'attaque face à M. Bardella: "montrer qu'elle est sérieuse, qu'elle connaît les dossiers au fond, là où Bardella n'est pas très à l'aise", résume une ministre.
- "Leur bilan contre notre projet" -
Face au procès récurrent en incompétence et esquive instruit par la majorité macroniste, M. Bardella, lui-même eurodéputé sortant, a relevé le gant mercredi lors d'un meeting à Perpignan.
"Débattons maintenant du destin de la France sans caricature, sans prêt-à-penser, sans attaques sous la ceinture: nous sommes prêts à débattre du fond", a-t-il lancé.
Une semaine après le discours sur l'Europe prononcé par Emmanuel Macron la semaine dernière à la Sorbonne - "le top départ de sa campagne" -, le patron du RN a estimé que "désormais, les choses sont claires": "c'est leur bilan contre notre projet".
Après des questions d'actualité, le débat, prévu pour durer 1h30, devrait s'articuler autour de quatre parties - l'Europe de la défense et le soutien à l'Ukraine, l'écologie et l'agriculture, l'Europe sociale et le pouvoir d'achat, l'immigration - avant la conclusion par "une carte blanche" de chaque candidat.
La vision plus globale du fonctionnement de l'Union européenne et sa gouvernance donnera aussi sans doute lieu à des échanges musclés, alors que Marine Le Pen a assumé mercredi "d'être critique" et de vouloir "dire non" sur certains thèmes.
De son côté, Valérie Hayer ne cesse d'alerter face au "risque majeur", selon elle, de "laisser l'Europe aux mains de ceux qui l'ont toujours combattue", à savoir l'extrême droite.
Pour M. Bardella, ce débat sert à une répétition avant celui prévu, à une date non encore fixée, avec le Premier ministre Gabriel Attal.
Les deux hommes avaient rendez-vous ce jeudi pour discuter des réponses à la violence de certains mineurs, mais ce rendez-vous a été reporté à la semaine du 13 mai pour des raison d'agenda selon Matignon.
Y.Bouchard--BTB