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Bruxelles se prononce sur la demande d'adhésion de l'Ukraine, situation humanitaire alarmante dans l'Est
La Commission européenne se prononce vendredi sur l'octroi à l'Ukraine du statut de candidat à l'UE, au lendemain de la visite dans le pays en guerre des dirigeants des trois poids lourds de l'UE qui ont apporté leur soutien à la demande de Kiev.
Alors que les combats font rage dans l'Est de l'Ukraine où la situation humanitaire devient "extrêmement alarmante" selon l'ONU, la France a annoncé ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc.
Tout feu vert de l'UE à la demande de l'Ukraine sera assorti de conditions et devra être validé à l'unanimité par les Vingt-Sept avant l'ouverture de longues négociations en vue de son adhésion.
"L'Ukraine fait partie de la famille européenne", a voulu rassurer le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une visite en Ukraine jeudi, avec ses homologues italien et français, rejoints par le président roumain.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité de ce "résultat historique", en espérant que les 23 autres Etats membres de l'UE se rallieront à cette position au sommet européen des 23 et 24 juin.
Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi sont arrivés vendredi matin à Przemysl, en Pologne, à bord d'un train spécial après leur visite surprise la veille à Kiev, encadrée par d'importantes mesures de sécurité.
Une frappe de missile, une attaque par un groupe pro-russe ou un sabotage sur le parcours du convoi constituaient les principales menaces.
L'examen express de la candidature de Kiev, déposée en février, est d'une rapidité inédite, justifiée par la guerre. Mais la principale difficulté restera de réussir la semaine prochaine à faire l'unanimité au sein de l'UE - les pays d'Europe de l'Est, sensibles à la menace à leurs frontières étant plutôt pour, d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas réservés.
Au-delà des bénéfices politiques et économiques à plus ou moins long terme (avec l'enclenchement d'une importante aide financière destinée à soutenir les réformes et la reconstruction), sur le court terme, celui de la guerre, une acceptation de sa candidature aurait un dimension éminemment symbolique pour Kiev, d'appartenance à la "famille européenne", une famille qui protège ses membres.
Une candidature acceptée de l'Ukraine ouvrirait aussi la question de son appartenance à l'Europe de la défense, alors que les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev.
- G7, première sortie pour Zelensky -
Dans la foulée du sommet européen, M. Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7 des 26 au 28 juin, en Bavière, où il effectuera sa première sortie hors du territoire ukrainien depuis le début de l'invasion russe fin février.
Sur le plan de la guerre énergétique, le gestionnaire du réseau français de transport de gaz GRTgaz a annoncé vendredi ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec "l'interruption du flux physique entre la France et l'Allemagne".
Le géant russe Gazprom a considérablement réduit ces derniers jours ses livraisons vers les pays européens, notamment vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1, ce qui pourrait avoir causé l'interruption de l'approvisionnement vers la France.
Gazprom livrera seulement 50% du gaz demandé vendredi par Eni, a annoncé en outre le groupe italien, au lendemain des accusations de "mensonges" lancées par Mario Draghi contre le géant énergétique russe.
Dans le Donbass, les forces ukrainiennes restent en difficulté dans cette région de l'est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, que Moscou s'est fixé pour objectif de conquérir.
Vendredi, l'ONU a souligné que "la situation humanitaire dans toute l'Ukraine, en particulier dans l'est du Donbass, est extrêmement alarmante et continue de se détériorer rapidement".
Selon Ocha, l'agence humanitaire de l'ONU, la situation est "particulièrement préoccupante" à Severodonetsk et dans ses environs.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants.
- Missile sur la "Maison de la Culture" -
La grande usine chimique Azot de Severodonetsk, où environ 500 civils ont trouvé refuge, est impossible à évacuer sans "cessez-le-feu complet" en raison de "bombardements et combats constants", a déclaré vendredi le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.
A Lyssytchansk, une frappe de missile sur la "Maison de la Culture" où étaient réfugiés des habitants de la ville a fait trois morts et sept blessés, a indiqué vendredi le service de presse du président ukrainien. Un autre civil a été tué en pleine rue dans un bombardement, selon la même source.
"Nous avons confiance dans la volonté de Dieu, dans l'aide de Dieu, dans l'aide de tous les saints et de la Vierge Marie", énumère soeur Anastasia, qui vit dans une communauté de religieuses orthodoxes près de la ville voisine de Sloviansk.
Elle désigne un grand cratère laissé par un tir de missile au milieu du jardin. Au-delà des champs voisins, se trouvent les forces russes, qui échangent des tirs d'artillerie avec l'armée ukrainienne.
Par ailleurs, la marine ukrainienne a affirmé vendredi avoir détruit un remorqueur russe, le "Vasiliy Bekh", qui transportait des armes et des munitions en mer Noire vers l'île aux Serpents devenue le symbole de la résistance ukrainienne.
La Russie a "déjà perdu sur le plan stratégique" sa guerre en Ukraine et "ne prendra jamais le contrôle" du pays, a estimé de son côté le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin.
"Le président Poutine a utilisé 25% de la puissance de son armée pour engranger des gains territoriaux minuscules", a estimé le militaire vendredi.
burx-dth/ob/at/fio
I.Meyer--BTB