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Sans images du procès de Trump, faibles audiences pour les télés américaines
O.J Simpson, Johnny Depp, Amber Heard, et les autres: nombre de procès télévisés de grandes personnalités ont captivé les Américains. Mais celui de Donald Trump à New York est boudé par l'audimat, faute d'images de la salle d'audience.
Aux Etats-Unis, certains Etats autorisent la diffusion en direct des débats tandis que d'autres, comme New York, l'interdisent.
C'est donc avec des images des murs gris du tribunal, des dessins et des propos rapportés que les télévisions américaines se débrouillent pour raconter le moment historique que constitue le premier procès pénal d'un ancien président.
"Malgré son importance historique, ce procès n'attire pas l'attention attendue, tout simplement parce qu'il n'y a pas de caméra dans la salle d'audience", résume Karen Conti, une avocate médiatique de Chicago.
Le candidat républicain à la présidentielle de novembre est poursuivi dans une affaire de paiements suspects à une ancienne star de films pornographiques afin de taire une relation sexuelle en 2006, qu'il dément.
L'actrice Stormy Daniels doit poursuivre son témoignage jeudi à la barre. Mais, comme depuis le début des débats, il n'y aura aucune image d'elle s'exprimant dans le prétoire. Tout enregistrement, même audio, est proscrit.
Les télévisions, comme toute la presse, dépendent donc des journalistes présents dans le tribunal pour raconter les débats au grand public.
Certaines comme CNN et MSNBC intègrent sur leur image des petits blocs de texte pour résumer les débats en quasi-direct, en plus des prises de parole de leurs animateurs.
- Meubler -
Mais ils peuvent tout de même compter sur ce qui est désormais un rituel de ce procès: avant et après les audiences, Donald Trump s'exprime devant les caméras dans un couloir mal éclairé, la voix peu audible en raison d'un écho.
Quelques minutes quotidiennes pendant lesquelles le candidat républicain ne cesse de répéter ses griefs envers la justice, qu'il estime manipulée à son encontre par les démocrates et Joe Biden.
Des séquences bien utilisées par les télévisions, et notamment par Fox News, la chaîne préférée des conservateurs américains.
Entre ces prises de parole, les antennes meublent: experts en tout genre, rappel du contexte.
Bref, rien de très attrayant pour un audimat américain habitué à des procès télévisés hauts en couleur, mêlant échanges tendus entre avocats et témoignages emplis d'émotion à la barre.
Aux Etats-Unis, "les gens s'intéressent à des affaires judiciaires quand ils ont des images", estime David Triana, consultant en communication.
"Ne pas pouvoir assister aux réactions en direct de Donald Trump et des témoins a amoindri l'impact du procès sur le public", a-t-il ajouté.
Dans un pays habitué à avoir les images de l'audience, à l'inverse d'autres pays comme la France, certains estiment que cette interdiction ne permet pas au public d'avoir accès à toute l'information.
"Ne pas avoir de preuve photo ou vidéo" d'un Donald Trump somnolant à l'audience lui a permis "d’affirmer que les journalistes mentaient à ce propos", estime Chip Stewart, professeur de communication à l'université TCU au Texas.
- Lassés -
Sans ce théâtre judiciaire en direct, les Américains boudent ce moment.
Lors de la première semaine du procès mi-avril, Fox News a perdu quelque 5% de son audimat aux heures de pointe par rapport à la semaine précédente, avec quelque 1,98 million de téléspectateurs.
CNN, avec 596.000 téléspectateurs, a perdu 6% cette semaine-là, selon les chiffres de l'institut Nielsen cités par les médias américains.
Seule la télévision d'information en continu la plus à gauche des trois, MSNBC, a vu ses audiences grimper, de 17%, pour atteindre 1,35 million de téléspectateurs aux heures de pointe.
Par comparaison, en 1995, le procès pour meurtres de l'ancienne superstar du football américain O.J. Simpson avait rassemblé plus de 150 millions d'Américains derrière leur petit écran.
Mais, avec ou sans caméras, les Américains se sont lassés du spectacle entourant Donald Trump, estime Katherine Cartwright du groupe publicitaire Criterion Global.
"Le manque d'images et d'éléments nouveaux pousse cette histoire au second rang dans les médias américains, qui sont en boucle sur la guerre au Moyen-Orient et ses répercussions sur les campus universitaires", dit-elle à l'AFP.
R.Adler--BTB