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Tensions devant Sciences Po Paris sur fond de mobilisation propalestinienne
Sit-in dans la rue, occupation de locaux historiques et face à face tendu avec des manifestants pro-Israël: la mobilisation propalestinienne perturbe vendredi le bon fonctionnement de Sciences Po Paris où les revendications de certains étudiants font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.
Une petite foule d'étudiants, de militants ou de sympathisants du comité Palestine, s'efforcent de poursuivre la mobilisation dans et en dehors de locaux de Sciences Po, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement, a constaté une journaliste de l'AFP.
La tension est cependant montée d'un cran aux alentours de 16H00 avec l'arrivée d'une cinquantaine de manifestants pro-Israël criant notamment "Libérez Sciences po" ou "Libérez Gaza du Hamas". Certains étaient masqués et disposaient de casques de moto. Une bousculade entre partisans des deux camps est survenue au milieu des nombreux journalistes présents.
Auparavant des étudiants pro-Gaza avaient commencé à enlever les poubelles qui obstruaient l'entrée du batiment. Mais des militants continuent d'occuper le site et un sit-in avait été organisé dans la foulée sur le pavé.
Les étudiants ont reçu vendredi le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.
Ils portent "l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.
La direction a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien et "condamne fermement ces actions étudiantes".
La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.
"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré sur BFMTV la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui a tiré à boulets rouges sur le "jeu dangereux" attribué à LFI dans la mobilisation à des "fins électorales".
Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".
Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.
- Fin des cours -
"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.
"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.
Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".
"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.
Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?
"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.
R.Adler--BTB