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Jihadisme: autour des enfants revenus en France, un long travail de vérité
Longtemps Ziad (prénom modifié) a craint de voir ses bras grandir par peur d'être enrôlé par Daesh. Amir s'entête lui à savoir pourquoi son père "l'a mis dans la merde" en ralliant en famille la Syrie en guerre.
Ces enfants nés en France, emmenés en zone jihadiste et revenus avec de nombreuses questions, sont partie civile au procès de leurs parents qui devient à la fois une mémoire de leur parcours souvent tu et un lieu pour faire entendre leur voix.
Des éducateurs, juges ou autres professionnels parmi la nuée qui accompagnent ces mineurs viennent y récolter des mots sur ce qu'ont été ces enfances en Syrie, Irak, Libye ou Yémen, parfois ultra-violentes, souvent dans la privation de scolarité, de nourriture ou de soins.
"Souvent les parents disent que l'enfant a été préservé", explique Josine Bitton, avocate désignée dans le cadre des mesures d'assistance éducative prises par l'autorité judiciaire afin de protéger les mineurs. "On découvre à l'audience que ce n'est pas le cas et qu'a minima ils ont été exposés à des bombardements, on apprend beaucoup de l'environnement", autant de pièces du puzzle parfois manquantes qu'elle prend en note pour les restituer à l'enfant.
A ce jour, 342 mineurs revenus des zones concernées se trouvent en France, parmi eux 313 sont toujours mineurs.
Depuis 2017, le parquet retient, à titre connexe avec les poursuites pour association de malfaiteurs terroriste, la soustraction par un parent à ses obligations légales à l'encontre de ceux ayant emmené sur zone leur enfant mineur né en France.
Que ces enfants, "marqués au fer rouge" par le choix des parents et "sacrifiés sur l'autel d'un ancrage idéologique", soient représentés comme victimes est "un symbole politique fort", souligne Me Caroline Malaga.
L'association SOS Victimes 93 explique être saisie depuis 2020 par les juges d'instruction ou le parquet comme administratrice ad hoc, et veille à ce que le tribunal examine combien les actes des parents ont compromis la santé de l'enfant, sa sécurité, sa moralité ou son éducation.
Les enfants "ont besoin de faire le lien entre l'empreinte dans leurs corps, l'empreinte psychique, et ce qu'ils ont vécu. Ne pas mettre de mots, c'est les empêcher d'avancer", plaidait ainsi Me Manuela Lalot dans l'un des 34 dossiers traités par l'association.
Or, beaucoup de parents gardent le silence.
- "Safari" -
- "Qu'avez-vous dit aux enfants au moment du départ brutal ?", interroge un président de la cour spécialement composée à Paris.
- "Qu'on va dans un pays musulman. J'étais pas en état d'expliquer et ils ne posaient pas de questions. C'est maintenant qu'ils essaient de comprendre", bafouille une mère quand un accusé lâche avoir raconté à ses enfants qu'ils partaient "faire un safari" ou une autre décrit un quotidien éthéré, entre films Disney et pâte à modeler.
Or, ces versions sont mises à mal. Il y a les flashs traumatiques des enfants rapportés à la barre, et les détails livrés par les agents du renseignement intérieur: les comptes siphonnés des mois avant le départ, les pérégrinations calquées sur les conquêtes territoriales du groupe Etat islamique, la radicalité des écoles du "califat".
Certains enfants gardent des mois après leur retour des séquelles, comme des tics nerveux, sursautant au son des avions, ou compensent en se réfugiant dans le jeu. Un autre petit remplit un cahier de dessins de super-héros pour sauver "Abi", papa, incarcéré.
Des détails comme le mariage des parents arrangé en ligne ou le choix des prénoms en disent long sur le formatage identitaire et sur la destinée envisagée pour certains enfants.
"Les enfants ne peuvent pas contester parce qu'ils prennent tout pour argent comptant, et ils veulent le maintien du lien avec le parent". Si ce dernier "reste dans le déni, ça peut difficilement avancer", selon une source proche.
"Dans une fratrie, les aînés étaient suffisamment grands pour se souvenir, mais la petite ne savait pas qu'elle était partie sur zone, et dans la famille, on n'en parlait pas", abonde une avocate.
- "Sur un fil" -
Face à ces non-dits, comment rendre le réel accessible aux enfants ?
"Il faut choisir ses mots, ne pas ajouter du traumatisme au traumatisme", explique Me Natacha Guilloux-Vandal, car "le contexte est sensible" et la condamnation peut être "difficile à entendre pour des enfants" en plein conflit de loyauté, qui "sont restés H24 avec ce parent sur zone et ne se considèrent pas comme des victimes".
En parallèle, les professionnels de l'assistance éducative poursuivent "un travail collectif pour établir le génogramme", dit Me Bitton, et maintenir le lien avec le parent qui garde l'autorité parentale, tout en protégeant l'enfant, notamment des injonctions éducatives de parents incarcérés qui traduisent une radicalité encore forte.
"On marche un peu sur un fil", commente une source proche. "En ayant eu au procès la totalité de ce qui a pu se tramer, on peut rectifier le discours du parent devant les enfants", sans dégrader son image. "La coordination est complexe, et les temporalités différentes".
Délicate est aussi la réparation du préjudice subi. Trois premiers dossiers sont en cours devant la Juridiction d'indemnisation des victimes d'actes de terrorisme.
Une autre question inédite a été posée à l'automne avec la plainte du département du Morbihan, tuteur d'enfants d'une jihadiste, pour des violences de cette dernière sur eux. "Les enfants nés sur zone ont aussi le droit de bénéficier d'une protection juridique et leur conférer le statut de victime, c'est écarter le risque qu'ils banalisent les atrocités dont ils ont été témoins", plaide Me Jean-Guillaume Le Mintier.
A.Gasser--BTB